Edito
L’autorité de l’Etat en question !
Les actes posés par le CNRD depuis son avènement au pouvoir le 5 septembre 2021 sont diversement appréciés par les Guinéens de l’intérieur et de la diaspora. Si certains applaudissent des deux mains l’action gouvernementale, d’autres par contre ne ratent plus aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur les autorités de la transition, à leur tête le colonel Mamadi Doumbouya. Des acteurs sociopolitiques non des moindres semblent s’engager dans une logique de contestation systématique du pouvoir qu’incarne le CNRD. Les opérations de récupération des biens et domaines n’ont pas été du goût de tout le monde. Des appels à manifester ou à la désobéissance civile se multiplient, avec tous les risques que cela comporte. Les risques d’un affaiblissement de l’Etat sont bel et bien réels en Guinée. Or dans un pays où l’on fait véritablement du développement socio-économique une priorité, l’Etat se doit non seulement de balayer devant sa porte, en optant pour une gestion vertueuse des affaires publiques mais aussi de faire respecter son autorité par tous les citoyens sur toute l’étendue du territoire national. Il va falloir rectifier le tir et amener les uns et les autres à s’amender dans l’intérêt de tous. Il serait vraiment ‘’suicidaire’’ de laisser l’Etat s’affaiblir ou de mourir de sa belle mort sans réagir. Les manifestants n’ont pas à s’en prendre, sans raison valable, aux passants ou aux biens publics. Pendant les journées ‘’ville morte’’, l’on n’a pas besoin de poser des actes d’incivisme (barricades érigées, pneus brûlés sur la chaussée, pillages, attaques contre les passants, etc.) ni de braver les forces de sécurité déployées sur le terrain. Dans les rangs de la classe politique, des syndicalistes ou des activistes de la société civile, l’on doit garder à l’esprit que personne n’a intérêt à mettre l’Etat à terre. Une interdiction de marcher ou de manifester, si elle est motivée, ne devrait pas être perçue comme une violation des droits et libertés. L’on devrait se garder de transformer notre maison commune, la Guinée, en une pétaudière où chaque citoyen se croirait tout permis et ne craindrait aucune sanction prévue par la loi. Il est à espérer vivement que pendant cette transition que tout Guinéen patriote souhaite apaisée et consensuelle, tous les acteurs feront preuve de responsabilité et de patriotisme en plaçant la Guinée au-dessus des intérêts égoïstes et partisans. Le navire de la transition ne doit en aucun cas tanguer. Tout doit plutôt être mis en œuvre pour organiser, dans les délais raisonnables, des élections libres et transparentes pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Aminata Camara